Je passe la frontière polonaise à Budzisko en milieu d’après-midi et me fais immédiatement cette terrible réflexion … ils ont vraiment mis la frontière où cela commençait à être chouette, ils n’ont rien laissé aux lithuaniens !!
En effet, dès que l’on passe la frontière le relief reprend, la campagne est beaucoup plus verdoyante. Les champs de blé sont parsemés de bleuets, je ne m’attendais pas à un tel contraste.
Mon objectif est de rejoindre Varsovie, soit en passant par les lacs de Mazurie, soit en passant par l’ouest dans les forêts de Poldachie.
N’ayant trouvé aucune raison de passer plus par l’un que par l’autre, je descends vers Suwalki et me dis que la nuit me portera conseil …
Arrivé à Suwalki, un polonais à vélo vient me voir et me demande si je suis français?
Il s’avère qu’il est professeur de français, sans emploi … Wotjek m’invite chez lui pour boire un café, puis pour dormir et finalement pour passer 48 heures dans son foyer. Woytek a 7 enfants … dont 4 qui vivent encore sous son toit. Les deux plus jeunes, Sigmund et Alicia, ne manqueront pas de me rendre visite sous la tente … C’est avec eux que je balbutie mes premiers mots de polonais. Les enfants, il n’y a rien de tel pour apprendre une langue étrangère.
On m’avait parlé de l’hospitalité polonaise mais là j’avoue être vraiment surpris. Le lendemain matin, je pars avec sa fille Thereza pour visiter l’arrière pays de Suwalki. Une campagne verdoyante pleine de petits lacs et d’églises orthodoxes au détour des collines … c’est purement magnifique !
Et vous me direz qu’en est il de mon itinéraire ? Woytek me conseille de passer par la forêt de Bialystok et de bifurquer ensuite à l’est vers Warsaw. Je fais confiance aux locaux et pars le lendemain vers Suchowola. Woytek m’a donné des contacts dans toutes les grandes villes que je vais traverser …. à croire que toute la Pologne connaît la famille Butkiewicz !
Le lendemain sera une petite journée. Mon talon d’Achille me fait souffrir et je m’arrête donc à côté de Suchowola qui, soit dit en passant, se prévaut d’être le centre de l’Europe !
J’arrive au beau milieu d’un festival international de musique folklorique de l’est. Des groupes de Slovaquie, d’Ukraine et de Pologne jouent leurs plus beaux airs et les fanfares défilent avec à leur tête de bien jolies jeunes filles. Je vais étancher ma soif dans une buvette et je fais rapidement la connaissance de quelques jeunes polonais qui sont plus que surpris de ma venue.
Rapidement la place se remplit et vers 21h il y a au moins 1500 personnes dans ce petit village. J’avoue être encore un peu échaudé du vol de mon vélo et je garde toujours un oeil dessus. Je quitte la fête sous les coups de minuit et pars dans la nuit pour trouver un bivouac. Stupeur, au moment de partir, je ne retrouve plus mes clefs d’antivol … Heureusement j’ai un double et peux repartir en selle… Quelques minutes plus tard alors que je suis dans la foule un jeune de la sécurité me tend mon trousseau de clef… ll l’a vu tombé lorsque j’ai quitté mon vélo et s’inquiétait de ne pas me revoir … Cela me réconcilie avec la nature humaine.
Je trouve refuge près d’une ferme et reste à peu près 2 jours pour que ma cheville récupère.
Les forêts de Bialystock se révèlent en effet très jolies. Mon principal souci est la position sur le vélo. Je souffre de la cheville mais aussi des poignets et des coudes. Les routes polonaises sont totalement défoncées. Les chocs répétés soumettent les articulations à lourde épreuve. Ajouter à cela une chaleur caniculaire qui m’oblige à boire plus de 6 litres d’eau par jour.
Je n’ai pas énormément profiter du paysage, je suis resté concentré sur la route pour éviter les chutes.
Les fortes chaleurs font fondre la route. Même moi en vélo je laisse des traces dans le bitume. En plus de la chaleur il faut redoubler d’efforts pour décoller les roues de la route … c’est dur !
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