Je pars le lendemain de bonne heure craignant une sortie de ville difficile.
C’est finalement sans soucis que je quitte la ville. J’ai décidé de prendre la route 17 jusqu’à Konjic, quitte à emprunter quelques tunnels. De là je bifurquerais dans les montagnes pour éviter les monstrueux tunnels que l’on me dit assez dangereux en vélo. La route est suffisamment large mais les tunnels sont assez périlleux.
Ici chaque tunnel a son petit nom. "Ivan" me laissera un souvenir impérissable. Je me lance dans le tunnel sans trop savoir ce qui m’attend. Je me rends vite compte que ma lampe frontale n’est pas suffisante pour m’éclairer. Pas le choix il faut que je passe avant qu’une voiture n’arrive. J’éclaire le bord du trottoir et essaye de ne pas m’en écarter. Je vois le bout du tunnel. Ouf, c’est bon pour cette fois !
J’arrive soulagé à Konjic. Je me suis fait un peu peur mais je me dis que c’en est fini. Je pars sur une petite route de montagne, plus longue mais moins dangereuse. Je découvre une autre façade de pays. Après 2 heures d’ascension j’arrive sur un plateau désert. Bizarrement l’herbe est coupée mais les habitations sont toutes détruites, pas un animal dans les près, pas une voiture à l’horizon.
Après quelques kilomètres je tombe sur un panneau indiquant un camp d’entraînement pour les chiens de démineurs...la zone n’est pas très chaleureuse. Je trouve refuge pour la nuit en contrebas de Borci où je plante la tente au bord du lac. Le lendemain il me reste encore au moins autant de montagnes à monter. Depuis hier j’ai une barre dans la poitrine, j’ai peut être un peu trop forcé. Je n’ai pas fait 200 mètres que la route devient un chemin de cailloux, puis un filet de rochet ... Je suis obligé de faire demi tour. Cela est loin de me réjouir, primo car je sais combien j’ai souffert la veille pour arriver jusque là, secundo parce que je vais devoir prendre la route principale et au moins 6 tunnels dont certains de près de 1 Km de long. Je n’ai pas le choix, c’est la seule façon d’y aller.
Je me rappellerai de cette journée du 13 août.
Les tunnels sont effrayants. Je roule maintenant sur le petit trottoir de droite bien que les dalles parfois manquantes ne me facilitent pas la progression. J’avance au grés des voitures qui m’éclairent le chemin. Je reste parfois quelques minutes dans le noir total au milieu de la montagne. Je ne suis pas clostro mais j’ai atteint cette fois mes limites. Je crois pouvoir dire que c’est ce que j’ai fait de plus terrifiant dans ma vie, on est rien au milieu de la montagne ... C’est vraiment l’horreur. Chaque panneau annonçant un tunnel se somme de jurons sur mon vélo, je me dit que ça va être celui de trop.
Et puis finalement... j’arrive à Mostar en fin d’après midi.
L’entrée de la ville n’est pas réjouissante. Des friches, des petits villages accrochés à la montagne, mais partout des gens qui sourient, qui m’interpellent, qui me saluent lors de mon passage.
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