Me voila arrivé en Bosnie ou plus précisément en République de Serbie au nord de la Bosnie. Enfin bon, je ne vais pas vous faire un cour de géopolitique....ça serait trop long.
Côté itinéraire, je vais faire une sorte de S pour profiter des bordures de la rivière jusqu’à Sarajevo, puis en direction du sud ouest vers Mostar, 2ème ville chargée d’histoire en Bosnie.
Je vais descendre le plus au sud possible pour me rapprocher au plus près de la Croatie sans pour autant y séjourner. C’est la pleine période touristique en ce moment en Croatie. Rien de bon pour ma bourse de voyageur ! Je pars donc de bon matin le long de la rivière Bosna en direction de Zenica. Pour ma première nuit en Bosnie je suis un peu stressé. J’ai entendu et lu trop de choses sur les dangers de faire du camping sauvage en Bosnie, des mines ... C’est comme tout, il y a ce que les gens disent, ce que les medias disent et la réalité du pays.
Pour ma première nuit, j’atterris au Goransko lake, un lac construit par TITO, oublié par l’Histoire et sorti de l’ombre par Boro, le propriétaire des lieux. J’arrive là bas en fin de journée sous une pluie persistante. C’est avec un large sourire et un « You are welcome at Goransko lake » que je suis accueilli. La radio locale a en fait parlé de mon tour suite à un arrêt dans une station service pour regonfler mes pneus. Ses amis qui sont là n’en croient pas leur yeux ... Ils se sentent un peu coupés du monde ici. Alors un français qui fait plus de 5 000 Km pour venir les voir, c’est la fête !
Boro me montre un coin tranquille pour monter ma tente et me donne rendez vous le lendemain pour le petit déjeuner. Après une bonne nuit de sommeil, il me réveille avec des côtes de porc, du yaourt et un bon café Bosnien. Boro a une quarantaine d’années et a bien entendu vécu la guerre. Je pensais que les gens seraient plutôt discrets sur le sujet mais à mon grand étonnement Boro en parle librement.
Il prend le temps de m’expliquer la vision du conflit, comme il me le dira, « Tu comprends, ici c’est la guerre civile, la guerre est à l’intérieur. Quand c’est la paix, je côtoie mes amis musulmans et orthodoxes et quand c’est la guerre, on s’entretue ». En fin de matinée un de ses amis qui vient d’avoir une fille vient préparer un agneau à la broche pour fêter l’évènement. Un trépied est monté pour faire cuire la pomme de terre, les bières et le vin sont au frais dans l’eau qui ruisselle du coteau.
Je prolonge de quelques heures mon passage au Goransko lake et repars en début d’après-midi ... La tête un peu pleine de toutes ces explications ... La route est là, elle m’attend. Tout droit en direction de Sarajevo le long de la rivière Bosna. La route : Dangereuse, oui je ne dirais pas le contraire. Je ne compte plus le nombre de fois ou je saute littéralement sur le bas côté quand deux camions se croisent. De là je contemple le châssis de 36 tonnes qui passe là où je devrais être. Il ne respecte pas les règles, quelles règles d’ailleurs ? Tu es Bosnien me dira un jeune au cours de mon périple.
J’arrive à Zenica en fin de journée. De grands immeubles en béton et une ville très vivante. Les jeunes sont dehors et arpentent la rue principale ; des enfants jouent dans leurs petites voitures électriques. Je rencontre Damir, un jeune Bosnien qui part dans quelques jours pour Strasbourg, il s’est engagé dans la légion étrangère. Il m’indique une petite pension où il a l’habitude de s’encanailler avec sa petite copine. Rien de très luxueux mais très acceptable ! Zenica est très central et me permet de visiter Travnik, une magnifique petite ville à une quarantaine de kilomètres à l’est. Je vous laisse apprécier la vue de la vieille citadelle.
Après ce petit break je repars tout shuss en direction de Sarajevo. La route ne s’arrange pas. Même les voitures de l’Eufor, la force européenne en place en Bosnie roule n’importe comment. Le relief est assez dur, c’est une terre difficile avec de belles montagnes imposantes. A une vingtaine de kilomètres de Sarajevo, la circulation est coupée. Je me glisse à l’avant et découvre un cortège humain pour un enterrement musulman. La foule porte le cercueil de bras en bras, les derniers remontant la file pour continuer la chaîne. L’embouteillage fait quelques kilomètres, heureusement pour moi, je file en marge du cortège. L’arrivée sur Sarajevo se fait sur de gros échangeurs. Je m’arrête à 5 Km de Sarajevo et pars le lendemain pour visiter la ville. |
|