C’est la première fois qu’un douanier épluche ainsi mon passeport !
Les heures passées à l’avant de ma sacoche ont un peu décollé la couverture de mon passeport. En bon fonctionnaire zélé, il me fait patienter, appelle je ne sais qui. Au bout d’un quart d’heure et sans même me demander ce que je transporte dans ma remorque il me laisse filer ... Va comprendre ...
Me voilà arrivé en Croatie via une petite route qui serpente au bord de marécages. Etant donné que je ne vais rester que peu de temps en Croatie, à peine 36 heures, je ne change pas d’argent. En effet, depuis mon départ je n’ai plus touché un euro. Des dollars, des kuna, des Zlotty, des litas, des couronnes, mais plus d’euros. J’évite au maximum de changer des devises, c’est toujours un problème pour refourguer la petite monnaie. Il me reste assez de provisions pour arriver en Bosnie, ça devrait aller.
Le court trajet entre la frontière Croate et Slavonski Brod en Bosnie ne sera malheureusement pas très joyeux. Cette zone a beaucoup souffert pendant les combats. Chaque maison est détruite. Pas une n’échappe à la règle. Je suis un peu interloqué par ce spectacle. Pourquoi les gens gardent-ils les vestiges de la guerre ? Ma question est un peu naïve et comme me l’expliqueront des croates au bord d’un lac le soir, la question est plutôt : "ces gens sont ils revenus ?". Ca fait tout simplement froid dans le dos.
Plus de 10 ans après la guerre, le paysage est encore jonché de maisons abandonnées, détruites, brûlées. Je m’endors près d’un lac... assez perplexe et un peu inquiet de la suite du périple. Il pleut toute la nuit... Je plie la tente mouillée et file vers la Bosnie. Sur mon passage les enfants sont débordant d’enthousiasme, je ne compte plus le nombre de fois où des gamins me tendent la main pour que je leur tape dedans comme pour leur passer un relais .... Geste désuet, mais quand on voit un enfant qui sourie c’est déjà ça.
Mon passage en Croatie est bien trop court pour pouvoir exprimer un avis sur ce pays. La seule chose que je ressens c’est de la désolation. J’étais ado pendant cette guerre. Et aujourd’hui j’y suis, je roule, mais j’ai des papillons dans le ventre. Je comprendrais sûrement un plus ce que je ressens après mon passage en Bosnie ? |
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