Güle güle Turquie

Ca y est. Notre séjour en Turquie tire à sa fin. Pour le terminer en beauté, nous profitons d’Istanbul en compagnie de Musab et Zerrin, de leurs amis cyclistes, et des trésors de cette fascinante ville.

Il n’est jamais facile de saisir les dynamiques d’un pays en si peu de temps, et ne parlant pas la langue du pays. Nous ne prétendrons donc pas pouvoir analyser la société turque et ses mouvances actuelles, nous contentant de néanmoins partager avec vous quelques-unes de nos réflexions, telles que vécues sur notre tandem…

L’on dit souvent de la Turquie qu’elle est aux Portes de l’Europe, ou encore qu’elle est résolument tournée vers la « modernité ». Je ne sais pas trop ce que l’on entend par « modernité », ne partageant pas toujours la définition qu’on lui prête! Ceci étant dit, sur le plan économique, la Turquie est définitivement en bonne santé. De multiples chantiers de construction jonchent les autoroutes, les villes s’agrandissent et les produits « Made in Turkey » sont omniprésents. Le climat ambiant est certainement moins morose que chez ses voisins européens. En parallèle, à peine sortis des grandes villes, on replonge aussitôt dans de petits villages d’agriculteurs et des champs de betteraves (cueillies par des femmes qu’on emmène parfois des villes). Les familles rencontrées possédaient pour la plupart quelques tracteurs et animaux et vivaient du fruit de leur production locale (miel, yaourt, fromage, tomates,…) Bien que travaillant fort, celles-ci ne nous ont pas semblé démunies sur le plan matériel, vivant au contraire dans de cossues et modernes petites maisons.

Quant au niveau de scolarité, celui-ci semble généralement bas en milieu rural, particulièrement pour les femmes (plusieurs femmes rencontrées ne savaient ni lire ni écrire). Un tel constat contraste fortement avec le niveau de développement économique du pays. En campagne, il nous a été difficile d’aborder des sujets politiques. Était-ce le fait de notre pauvre turc ou le résultat d’une certaine indifférence en dehors des villes face à la politique, du fait du passé du pays ou du quotidien?

Partout (mais évidemment moins à l’est), les habitants sont fiers de leur pays et semblent confiants dans son avenir. Et si l’on fait le déplacement, ils se font (comme vous avez pu le constater!) un plaisir de nous faire partager les richesses de leur pays.

A Istanbul, nous avons pu échanger avec différentes personnes qui semblaient converger vers le fait que la Turquie d’aujourd’hui serait à plusieurs égards plus conservatrice qu’il y a 30 ans. Certains n’en croyaient pas leurs oreilles quand nous leur disions que nous devions impérativement dire à nos hôtes et aux hôteliers que nous étions mariés afin de ne pas les choquer (ou tout simplement pour avoir une chambre d’hôtel!). En milieu rural, les mariages arrangés semblent encore être assez répandus. Les femmes se marient jeunes (18-19 ans) et en sont souvent à leur 2e enfant lorsqu’elles atteignent 20-22 ans.

Istanbul et le reste de la Turquie (et nous n’avons pas vu Ankara) semblent quasiment être deux pays distincts. Tandis que l’effervescente ville d’Istanbul est définitivement libérale et européenne à bien des égards, le reste du pays (et surtout l’est) semble vivre à un tout au rythme et un autre diapason de valeurs. Outre quelques regards sévères de femmes croisées, le porte du voile n’altérait en rien la proximité que je pouvais avoir avec les femmes. Elles ne semblent à tout le moins pas porter de jugement sur nos convictions (au contraire, c’est plutôt moi qui était parfois mal à l’aise, parce que trop difficile de m’imaginer le porter). Bien que souvent posé gentiment et par curiosité, tous nous demandaient si nous étions mariés et si nous avions des enfants (surtout en apprenant notre âge).

Une Turquie donc pleine de contradictions. Une Turquie qui porte au pouvoir un parti islamiste tout en vénérant encore aujourd’hui, 74 ans après sa mort, le leader laïc Atatürk. Retour, selon certains, à la pratique d’un islam plus radical ou transformation lente mais profonde du pays ? Difficile à dire. Pour l’instant, je retiens surtout l’image de ces groupes de jeunes amies adolescentes croisées partout, certaines voilées et d’autres non, rigolant bras-dessus bras-dessous… Une image à méditer, et certainement le reflet d’un pays où tolérance mutuelle et cohabitation semblent possibles.

Pour marque-pages : permalien.

20 réactions à Güle güle Turquie

  1. armelle massonnet a écrit:

    Super carnet encore :)
    Je vois que François a fait sa traditionnelle omelette !!
    Dis donc j’ai cru voir un Govrache turc ;p
    Vous avez l’air en tous cas d’avoir encore fait de belles rencontres ! Coups de pédales en Inde pour de nouvelles aventures !!!!
    Des bises :)
    Ps : Ge dis donc, il fait plus de carnets sonores le frangin ?? ;p

  2. sig et jef a écrit:

    Salut les tourtereaux !
    Je lis toujours aussi attentivement vos super mails
    mais là cette fois j’insère un commentaire :
    moi aussi j’ai tilté sur l’omelette et il faut absolument que je dise à François : Il ne se passe désormais pas une fois où je casse des oeufs sans penser à toi !!
    La prochaine fois qu’on se voit tu me refais le coup de la recette avec l’inconturnable chaï indien ??
    Des GROS bisous à vous.
    Sig

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