La chronique de FLB – Enfin sous les projecteurs!

Enfin, on me donne la parole ! Après 2000 km d’efforts à les transporter (eux et leurs 40 kilos de bagages) sur mon pauvre dos, il était temps ! Heureux d’avoir enfin voix au chapitre, car, entre vous et moi, il faut bien avouer que JE suis la partie centrale de cette petite aventure à trois…
Hum hum… Par où commencer ? Passons les introductions, je vois que j’ai déjà été présenté.  Comme vous le savez, les deux premiers mois se sont très bien déroulés. Enfin presque toujours. Quand j’en avais marre de rouler (il faut dire que je n’étais pas très en forme au début, après 10 ans d’absence sur la scène mondiale), je leur faisais le coup de la panne (5 crevaisons en Turquie) ou je faisais sauter la chaîne. Les malins, ils ne m’auront pas laissé faire longtemps : ils ont changé le pneu arrière et resserré les vis du pédalier.
N’allez pas penser que je suis mesquin et faisais tout cela simplement pour les embêter. C’était de bonne guerre. Et oui ! Ils ont sûrement omis de vous raconter comment je me suis retrouvé dans une soute d’autobus en Turquie, coincé entre des dizaines de sacs de patates, pommes, oignons et autres caisses de je-ne-sais-quoi. Les familles turques utilisent les soutes d’autobus comme des cargo pour envoyer des vivres à leurs enfants qui étudient à Istanbul. Pendant ce temps, moi je ne pouvais quasiment plus respirer ! Heureusement, je m’en suis sorti indemne.
Arrivé à Istanbul, mes pilotes m’ont remercié en m’inspectant minutieusement et en me bichonnant pour ensuite mieux me… démonter en petites pièces avant de me séquestrer dans une boîte en carton pendant plus de 48 heures ! Là encore, je suis arrivé à Bombay sain et sauf (en mille morceaux tout de même) mais n’empêche, je ne me laisserai plus faire !
Tout cela pour vous dire que j’étais bien content de repartir sur les routes en Inde, prendre un peu l’air et longer la côte ouest, avec ses routes en montagnes russes et ses tranquilles villages de pêcheurs. J’ai même pris quelques fois des ferry et des embarcations rudimentaires (le bateau s’avérant être en fait un canot!) en compagnie de trois autres potes cyclo-voyageurs rencontrés sur la route. Nous avons échappé de peu au naufrage.

Fait nouveau qui n’est pas pour me déplaire, je suis devenu, depuis mon arrivée en Inde, une vraie star de Bollywood !
Tout le monde veut se faire prendre en photo avec moi. On m’arrête sur la route, on s’attroupe autour de moi, on me coure après, on me supplie d’arrêter sur le bord de la route. Même le réceptionniste de l’hôtel envoie les hôtes frapper à la chambre pour pouvoir admirer mon ramage. (Peut-être devrais-je reconsidérer mon choix de carrière?).

Je demeure cependant légèrement perturbé par le fait que je doive maintenant rouler à gauche et ce, au milieu de bus, camions, voitures, motos, vélos, piétons, vaches, dromadaires (oui oui!)…  j’ai déjà eu plus d’une fois chaud dans le dos ! Les rétroviseurs ont été changé de côté et on m’a équipé d’une nouvelle sonnette, pièce indispensable du kit de survie indien !
Malgré le piètre état de routes et une chaleur écrasante, mes compagnons de bord et moi-même nous marrons bien. Au début du voyage, quand je n’avançais pas bien vite dans les côtes, chacun se renvoyait la faute. Elle pensait que c’était la faute de ses kilos en trop ; lui, qu’elle n’appuyait pas assez ! Ils allaient même parfois jusqu’à avoir le culot de rejeter la faute sur moi et la soi-disant « inertie » que le tandem génère dans les montées ! Ha ! Très drôle ! Comme si j’y étais pour quoique ce soit ! J’essayais de leur faire comprendre qu’ils n’étaient peut-être simplement pas assez en forme, qu’il fallait laisser le temps faire son œuvre, mais ils ne m’écoutaient pas ! Heureusement, ils ont fini par comprendre. Maintenant tout roule (c’est le cas de le dire!), ils ont trouvé leur rythme et ils rythment du coup à leur tour mes journées à coup de dizaines de signal de départ qui va comme suit :
-« 1 et 2 » de dire François
- « 3 » de répondre Ge (pour s’assurer d’un démarrage synchronisé).

Il m’aura toutefois fallu peu de temps pour comprendre que la petite idylle romantique que j’entretenais avec l’asphalte en Serbie et en Turquie était terminée. Ouch ! Les bleus que j’ai déjà après cette première semaine de vélo. Je vous le dis, les nids-de-poule rivalisent sérieusement avec ceux des routes québécoises ! Pour faire comprendre à mes pilotes que je n’avais pas l’intention de me faire « barouèter » comme ça d’un bord et de l’autre pendant 3 mois, ni une ni deux j’ai fait sauter le petit plateau arrière ! Ha ! Rira bien qui rira le dernier ! C’est moins drôle de grimper à 30 degrés °C sans les petites vitesses, n’est-ce pas ? Bon bon, outre le fait que j’aie réussi un exploit (très peu de mes confrères ont réussi à faire briser l’un de leurs plateaux), j’y suis peut-être allé un peu fort… Résultat : après les avoir fait suer pendant 80 km jusqu’à la prochaine ville (qui n’avait pas la pièce requise), ils ont dû me mettre sur le toit d’un autobus jusqu’à la ville suivante. Vengeance immédiate. Là, j’ai eu la peur de ma vie tout seul là-haut à valser pendant plus de 4 heures sur des routes complètement défoncées et avec un chauffeur qui semblait se prendre pour Indiana Jones! J’étais bien attaché et protégé, certes, mais j’ai tout de même cru que j’allais y laisser ma peau (euh..enfin mon cadre) ! Tout ça pour réaliser que la pièce de rechange nécessaire ne semble se trouver nulle part en Inde, aux dires de Mr. Shimano Inde.
Jusqu’à nouvel ordre donc (soit jusqu’à ce que Fedex achemine la pièce de France), j’étais en convalescence dans une petite chambre d’hôtel dite « Deluxe » (lire : avec des draps se rapprochant plus du blanc cassé que du noir et un coin salle d’eau exempt d’araignées et de lézards). Du coup pour me remonter le moral, ils ont accepté de me laisser initier cette tribune où, j’espère, nous aurons l’occasion de nous recroiser. Aléas du voyage, la pièce de rechange n’était pas la bonne (cela s’est joué à 0,5 mm!). Alors je repars en « made in India »…enfin si nos nouveaux amis de Kolhapur nous laissent partir :)
Sur ce, mesdames, messieurs, je tire ma révérence en espérant vous retrouver bientôt… parce qu’il faudra bien que je m’assure que, de temps en temps, vous obteniez la vraie version de l’histoire !
Tandement,
FLB

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46 réactions à La chronique de FLB – Enfin sous les projecteurs!

  1. Mich a écrit:

    holly crap!! Il est drole le flb! C’est le plus drôle blog à date!!!!Je pisse de rire ici dans mon lit en me glacant le genou! C’est un mélange de « pain and pleasure »! ha ha! IL a eu chaud dans le dos! pffff. Vous êtes drôles!! Les photos sont encore magnifiques, les couleurs de la tunique qu’elle porte! comment ca s’appelle? aaaah j’aime ça beaucoup moi! Ca me plait l’inde! :)

  2. armelle massonnet a écrit:

    Très bon récit FLB et contente que tu puisses à ton tour témoigner de ton aventure et de tes petits tracas parfois :p
    Te voila après toutes ces péripéties retapé à neuf, un vrai jeune homme !
    J’imagine que tu dois faire tourner quelques têtes la bas et ne pas démériter auprès de tes congénères à moteur :)
    En tous cas je vois que tu n’as rien perdu de ton petit caractère et que tu sais te faire entendre quand tu en a plein les plateaux !
    FLB : Fais La Bourrique !
    Bonne aventure à toi aussi !! Dégourdis toi bien les gentes, à ton rythme et à bien vite pour un prochain récit :)
    En attendant Happy Journey !!!!!!!!!!!!!!!!!

  3. Doum a écrit:

    Merci, merci FLB! J’avais tellement hâte d’entendre ta vision de cette aventure…mais au fait, ont-ils au moins maigri pour que tes pneus aient moins à souffrir?! C’était ma question d’une extrême importante…ah oui, dis-leur que je les aime xx

  4. Gwladys a écrit:

    Jajaja, buena onda la bici :)

  5. Zerrin a écrit:

    Formidable, FLB !!! Et bon courrage pour la suite … Avec ces 2 la :P

    MDR

    (o:

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