Après quelques kilomètres, je rencontre Raphaël, un cyclo voyageur Polonais qui remonte vers le Cap Nord. Il voyage depuis bientôt 2 ans et finance son voyage en jouant de la guitare dans les villes où il s'arrête...
Voyager à vélo est pour lui devenu un mode de vie aujourd hui ...
En tous cas, à voir son large sourire, il a l’air heureux de vivre ainsi .... Ca fait réfléchir.
J'en reste pour ma part encore au stade de la simple philosophie de vie,"keep what you need" ... On verra ce que cela vaudra à l'épreuve du temps !
Ma descente vers le Sud Est de l’Estonie sera assez pénible.
Je n’ai plus trop d’énergie pour avancer, sûrement un contrecoup de mes 2 jours sous la tente. Je pars le matin et me sens exangue de toute force. J'avance toujours de 80 ou 100 km mais à quel prix. Je suis en route vers Viljandi quand je me retrouve perdu au beau milieu de la forêt.
Je me dirige à la boussole depuis 20 km, je suis dans la bonne direction mais la route est de moins en moins praticable ...
J’aboutis au final dans un simple chemin de terre en cul de sac.
Faire le chemin inverse ne m'enchante pas plus que cela. Heureusement je rencontre un couple d’estoniens de Villjangdi venu chercher du bois en forêt. Après 10 min passées à graver des plans sur le sol, ils finissent par embarquer, mano militari, vélo et remorque à l’arrière de leur pick up ...
Me voila parti pour Villandji. En cours de route, ils me demandent où je dors la nuit ? Quand ils apprennent que je dors dans la forêt, ils me mettent en garde contre les ours qui habitent les lieux. Je prends cette mise en garde comme une bonne blague pour touristes !
Nous n'avons pas fait 200 mètres, que je vois un ours brun en train de batifoler sur le bas-côté de la route !!!!
Il est là, à quelques mètres de nous... Les photos sont un peu floues mais quand on a un ours de 2 mètres à côté de soi, on n’en mène pas large, croyez moi !
Arrivé chez eux, je les aide à débarrasser le bois de chauffage qu’ils ont ramassé en guise de remerciement. Je fais du coup connaissance avec toute la petite famille et repars avec quelques gâteaux secs dans ma sacoche ... et une attache cravate de la police locale, offerte pas le maître de maison.
Remis de mes émotions, je contourne le lac Vortsjarv par le nord et descends vers Voru.
J’ai de plus en plus de mal à avancer; je décide de m'arrêter une journée au bord du lac de Voru avant de rejoindre le Suur Munangi, point le plus élevé de l’Estonie qui culmine à 318 mètres ... Seul monticule laissé par l’ère glacière il y a quelques millions d’années.
Ce que je retiendrais de l’Estonie, ce sont bien entendu ses merveilleuses îles et ses grands espaces naturels préservés mais surtout la gentillesse et la simplicité, parfois naïve, de ces habitants. Quand je dit naïve, c’est surtout ... spontanée, franche ... Un pays qui a, je trouve, gardé beaucoup de ses traditions et de ses croyances. |
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