Deux falang au pays du bambou

Falang falang!!!

Ca y est. Nous sommes repérés ; )

Falang, qui signifie « Francais » au Laos, est aussi employé de manière générale pour désigner les occidentaux. C’est le ‘gringo’ de l’Asie. Or au Laos, le terme ne semble pas être employé de manière péjorative. De Chiang Khong, nous traversons le Mekong par bateau (chaloupe serait sans doute un terme plus exact!) au Laos. Là à Houay Xai), Francois retrouve, oh joie!, du pain! Et pas n’importe lequel: des baguettes! (L’idylle ne durera pas longtemps, celles-ci – vestiges d’une certaine occupation francaise- ne semblent demeurer que pour le plaisir gustatif des touristes. Apres Houay Xai, nous n’en trouverons plus!).

 

Le Laos est nettement plus pauvre que la Thaïlande (classé 138eme dans l’indice de développement humain du PNUD). Les habitations sont très simples, voire précaires pour la plupart: 4 murs de bambous tissés et bâtis à même le sol de terre battue. Si le village a la chance d’avoir de l’électricité (plus fréquent le long de la nouvelle route. Or, la plupart des villages sont inaccesibles de la route), une antenne satellite sera immanquablement présente. Echappatoire aux difficiles conditions de vie des minorités? La nourriture sur la route se fait plus rare et les options plus minces (le plus souvent une soupe aux nouilles). A Houay Xai, nous posons la tente chez Lara et son mari laotien qui ont fondé Dauuw, une petite guesthouse. Les profits permettent au couple d’héberger les montagnards qui visitent l’hopital de la ville, en attendant de pouvoir fonder une clinique – dans les montagnes – pour améliorer l’accès aux soins de santé.

Les premiers jours de pédalage sont exigeants: les pentes sont raides, le soleil tape, malgré les nuages de fumée causés par les brûlis qui se poursuivent ici aussi…Dans une descente, nous traversons un nuage de cendres qui retombent sur la route, tels des morceaux de pneu éclaté. Sur la route, nous croisons Joe (américain), Krystel et sa copine Hannah (hollandaises) qui filent devant nous… Leur forme m’impressionne et me motive! Que c’est beau de voir Hannah grimper ainsi à 64 ans!

 

Premier bivouac: nous dormons dans l’école primaire d’un petit village. Avant la tombée de la nuit, les  garcons viennent y jouer une partie de kato (sorte d’hybride entre le volley et le aki!). Les plus petits sont condamnés à regarder les plus grands jouer, trépignant sur le bord du terrain. Petite prise de son de la partie :

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Petit à petit, comme discrètement, le pays semble imprégner sa douceur, sa tranquilité en nous. Nous avancons doucement vers les montagnes du nord. Nous traversons plusieurs villages, dispersés les uns des autres, où vivent certaines des nombreuses minorités ethniques du pays (plus de 68 officiellement reconnues). La diversité culturelle est telle qu’il nous est difficile de distinguer les différentes minorités Hmong, Akha, Yao, Lao Loum,etc. que nous croisons. Certaines sont réputées pour la fabrique de papier à base de bambou; d’autres pour le tissage sur des métiers de bois traditionnels (les femmes installent leur métier sous leur habitation construite sur pilotis). Certaines portent toujours des habits traditionnels indigo (qu’ils teignent eux-mêmes naturellement)rehaussés d’une ceinture rose. Certaines coiffes portées par les femmes sont impressionnantes. Certaines nouent de colorés foulards autour de leurs cheveux, tandis que d’autres (les Akha) arborent de magnifiques coiffes serties de perles et de pièces d’argent. Outre les mots, nous avons très peu de photos a partager avec vous. Parce que nous savons que les femmes – pour plusieurs raisons- n’apprecient pas et parce que, par respect, nous préférons les saluer (et nous observer mutuellement) plutôt que de croquer des clichés.

La route que nous emprutons, vers le nord-est, est nouvelle et en bon état(gracieuseté de la Chine dont nous croisons les camions qui arrivent vides et repartent vers la Chine chargés de ressources naturelles et marchandises). Après une belle et longue ascension, nous surplombons les montagnes. Silence. Petit moment de bonheur apres l’effort… A chaque village croisé, les petits se postent en groupe sur le bord de la route ou devant leurs paliers du haut du village, remuant frénétiquement leurs petites mains jusqu’à ce que nous puissions leur rendre la pareille en arrivant à leur hauteur. Hommes et femmes nous lancent de joyeux et chantant ‘Sabaidee! Sabaideeeeee!!’ (Sur le ton d’un sympathique: Bien le bonjour!!) Si les Thaïs nous observaient en silence et ne semblaient s’ouvrir qu’une fois les premiers mots échangés, les Laotiens nous charment par leur spontanéité et leur attitude à notre égard qui semble si sincère: pas d’effusion de chaleur comme pourraient en témoigner d’autres peuples, mais une sincérité toute simple qui se traduit par des dizaines de sourires qui se dessinent sur notre passage et ce, malgré le dur labeur qui les occupe lorsque nous les croisons sur la route.

Nous passons notre dernière nuit au Laos avec Kiotu et sa famille. Francois vous raconte la soirée:

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Le Laos est un petit pays, souvent oublié (si ce n’est pour rappeler de temps en temps qu’il s’agit du pays le plus lourdement bombardé au monde – par les Etats-Unis – malgré sa position neutre lors de la guerre du Vietnam). Petit, effacé. Et pourtant, notre court passage m’a donné l’impression qu’il y aurait tant à apprendre de ses habitants et leur mode de vie. Un pays où l’on y entend encore l’écho du rire de ses enfants…

Si le Laos accuse d’un retard certain en ce qui a trait aux droits sociaux de ses habitants (accès aux services essentiels en santé, éducation, etc.), il nous sert une belle leçon de vie, de simplicité loin des spirales industrielles et de nos tourbillons quotidiens effrénés où l’on se perd parfois… A l’heure où plusieurs investisseurs (dont son voisin chinois) lorgnent en direction du Laos et où le gouvernement national assouplit les lois pour leur permettre d’y opérer plus facilement, espérons que le pays saura y respecter ses habitants, leur richesse culturelle et leur rythme…

Pour marque-pages : permalien.

8 réactions à Deux falang au pays du bambou

  1. Jean-Pierre a écrit:

    Bravo pour ces commentaires dans un pays inconnu pour nous, mais dont les paysages ressemblent fortement au nord de la Thaïlande. Les maisons sont identiques, les tribus également.
    Alors bonne route, prenez en plein les yeux et plein le cœur. Et bon courage pour la suite. Bises à tous les deux. JP et AM

  2. Christian a écrit:

    Délicieux reportage qui reflète parfaitement le calme et la sérénité de ce pays, un peu à l’écart de nos agitations frénétiques, vous l’appréciez bien et nous le faites bien partager ! merci beaucoup. à suivre dans les montagnes l’endurance des mollets.

  3. Patricia =) a écrit:

    Mmmmm ça l’air bon cette soupe!!!
    Sinon, les paysages et les maisons sont magnifiques!
    On m’a déjà dit que le Laos était l’un des plus beaux pays d’Asie.
    Ici au Québec, le printemps arrive doucement. Le Dairy Queen est ouvert, nous avons mangé plein de chocolats pour Pâques et ma mère doit faire du bon sucre à la crème prochainement…haha! =P
    Merci de partager toute cette beauté de notre monde! Bon courage en Chine!
    Love you mamzelle!xx

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